Médecine du Diabète, Soin et Recherche.

Pr Michel MARRE
Clinique Ambroise Paré
Immunity and Metabolism in Diabetes,Institut Necker Enfants Malades, Paris, France
Conseiller Scientifique de HCERES

 

Le Diabète sucré est une pathologie polymorphe dans tous ses aspects.

Certains domaines de la Médecine sont relativement simples. Ainsi la Cardiologie, très mécanique : un muscle qui pompe pour faire circuler le sang, une pompe au fonctionnement alternatif – poussée (systole) / repos (diastole) -, quelques pannes de courant et ça disjoncte (arythmie compète), encrassement des tuyaux que l’on peut déboucher (stent) ou changer (pontage, greffe), déformation des valves (aorte ou mitrale) … Très monomorphe, tout ça !

Mais le Diabète :

– C’est quoi Docteur une glycémie à jeun normale : jusqu’à 1.00 g/L (limite pour les Américains) ou 1.10 g/L (limite pour le reste du monde), vous pouvez m’expliquer pourquoi ? Et quelle relation avec le risque de complications (linéaire ou exponentielle selon la nature des complications), et avec un effet-seuil ? Vous vous appuyez sur quelle base pour prendre une décision ?

– Docteur, je ne comprends pas bien la relation entre diabète et poids. Madame, plus vous grossissez, plus votre diabète s’aggrave. Oui, mais le fils de mes amis, tout jeune, il a maigri brutalement, il avait très soif, et ils l’ont mis à l’insuline (le diabète maigre, madame ! Rien à voir avec le vôtre !), et pourquoi il y a des familles où ils le sont tous, sans être très gros et d’autres où ils ne l’ont pas alors que, Bon Sang, quand on les voit au restaurant… Pouvez-vous m’expliquer Docteur d’où vient cette foutue maladie, elle est bien sournoise !

C’est vrai que c’est difficile pour le Médecin de répondre aux questions les plus naïves ou les plus pertinentes des patients qui veulent comprendre autant qu’être soignés. Pire, le Docteur a tendance à compenser son ignorance, et parfois son impuissance thérapeutique, par une agressivité et un autoritarisme injustifiés : c’est une diabétique indisciplinée!

Par ailleurs, et c’est le souci médical principal, les complications surviennent, cardiovasculaires, rénales, mais aussi démence, et les relations sont floues et souvent bijectives (est-ce qu’il est hypertendu à cause du diabète, ou est-ce l’hypertension qui a provoqué le diabète ?).

La Médecine du Diabète est donc polymorphe, avec des limites dans les définitions et les risques flous, comportant beaucoup d’interactions avec à peu près tous les domaines de la science médicale et de la biologie.

Mais sur quelles bases soignons-nous ? Celles d’un déterminisme assez grossier : le patient est gros ou a grossi, son taux de cholestérol ou d’albumine dans les urines dépasse les normes et je devrais pouvoir le réduire en utilisant tel ou tel médicament. Sauf que les règles sont basées sur des essais menés sur des patients sélectionnés, bien loin de ceux que nous devons soigner. Qui plus est, la réduction du risque encouru est relative, avec des limites à la confiance, conduisant à une médecine aux capacités limitées, sans personnalisation des objectifs et avec très peu de précision.

Clairement, le Diabète sucré est le domaine de la Médecine où certains termes prennent tout leur sens : Prédiction et Personnalisation, c’est-à-dire Précision.

Dans la mesure où les marqueurs de risque intermédiaires (comme les valeurs de glycémie, de pression artérielle, de poids) ont démontré leurs limites, et l’approche déterministe de la physiopathologie du diabète et de ses complications tout autant, d’autres approches sont nécessaires : mesurer en nombres des marqueurs biologiques, génétiques, épigénétiques ou autres, dont on ne connaît pas forcément la signification et le rôle, c’est la révolution scientifique de l’approche probabiliste appliquée à la médecine du diabète, avec des espoirs de succès aussi importants que ceux dont cette approche a fait bénéficier la médecine du cancer ou des maladies infectieuses.

Pour y arriver, il faut beaucoup : beaucoup de données (d’où l’appel aux patients, à leurs familles, et à leurs médecins), beaucoup de mesures (d’où l’importance de disposer des instruments les plus modernes), beaucoup de mathématiques (pour tester, modéliser, préciser comme nous l’explique le Dr Nicolas Gambardella dans le portrait de cette newsletter), beaucoup de travail et beaucoup de moyens financiers, évidemment. Ces derniers ne sont pas distribués au hasard : la compétition est vive, toujours internationale. Ceux qui remportent les appels d’offres sont les meilleurs de leur domaine.

A Lille, PreciDIAB dispose de beaucoup d’atouts : ceux d’une grande métropole, avec un environnement intellectuel et industriel fort, une population nombreuse où la fréquence du diabète est élevée pour des raisons sociales, hélas, et des équipes scientifiques académiques et cliniques dont le niveau extrêmement élevé est attesté par les appels d’offres remportés, et le nombre et la qualité des publications qui se maintient très haut depuis plusieurs décennies, comme l’illustre la prestigieuse publication dans Nature à la Une de la présente newsletter (entre parenthèses, il faudrait initier les décideurs politiques au maniement de la base de données Pubmed, où tous les travaux de science médicale sont répertoriés et classés. Ceci les orienterait de façon objective dans leurs décisions).

Enfin, étant donné la complexité de la pathologie, il est du devoir des chercheurs et des médecins d’aider les patients et leur famille à mieux la comprendre et à saisir l’importance des avancées scientifiques majeures en cours. PreciDIAB porte cet objectif à travers ses différents évènements comme en témoigne le dernier live Facebook pour la journée mondiale de l’obésité ou ce webinaire organisé avec la Fédération Française des Diabétiques lors de la Semaine National de Prévention, le 6 juin prochain.

 

Misons sur PRECIDAB ! Heureux Lillois qui disposent d’une équipe médicale d’élite !

 

Professeur Michel MARRE,
Clinique Ambroise Paré,
Immunity and Metabolism in Diabetes,Institut Necker Enfants Malades, Paris, France,
Conseiller Scientifique de HCERES

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Le diabète dans tous ses états

Un blog consacré aux mille et une facettes du diabète.
Edité par Marc Gozlan, journaliste médico-scientifique