On aurait pu penser que l’irruption du coronavirus, suivie du long confinement avec sa fermeture provisoire des laboratoires et de nombreux lits des services cliniques hors Covid-19 aurait mis en hibernation les équipes PreciDIAB et de ses partenaires. En réalité bien au contraire, nos équipes ont été très mobilisées !

Dès la mi-mars, à travers notre plateforme de génomique LIGAN- médecine personnalisée, nous avons été à l’origine d’un mouvement national visant à permettre à la recherche publique génomique de contribuer efficacement au diagnostic Covid-19 par PCR.

Après avoir interpellé via des élus de tous bords le Premier Ministre, un arrêté et un décret ont été signés le 5 avril par le Ministre de la Santé autorisant les acteurs de la recherche publique à prêter main-forte aux laboratoires hospitaliers et de ville pour les tests PCR. Ce décret gouvernemental a été suivi par un arrêté du préfet des Hauts-de-France réquisitionnant la plateforme LIGAN-PM de PreciDIAB, 15 personnes de l’UMR1283 et les équipements nécessaires pour mettre en œuvre le diagnostic Covid-19.

Une convention signée avec le laboratoire privé Synlab a permis à l’équipe de génomiciens de se charger de la phase analytique des écouvillons recueillis essentiellement dans les EHPAD de la Région. Un robot d’extraction de l’ARN viral d’abord prêté par la société américaine Perkin Elmer vient d’être acheté grâce au soutien financier du CNRS. La chaine analytique complexe a été mise en place en moins d’une semaine et a traité depuis la mi-avril entre 200 et 600 échantillons par jour. Cette mobilisation exemplaire des ingénieurs et chercheurs de LIGAN-PM était indispensable selon les mots du Directeur Général de l’Agence Régional de Santé du fait de la pénurie régionale en tests PCR en avril et mai. À ce jour environ 6000 personnes ont ainsi été testées avec un taux de positivité variant de 4 à 9% selon les jours. Si tout va bien le diagnostic Covid-19 du centre PreciDIAB devrait s’arrêter à la mi -juin.

La mobilisation des équipes de PreciDIAB et ses partenaires ont aussi porté sur la recherche clinique et thérapeutique et de nombreuses études cliniques ont été lancées par le Centre d’Investigation Clinique du CHU de Lille. Ainsi, les cliniciens du CHU et d’EGID ont été parmi les premiers à démontrer le caractère aggravant de l’obésité dans la sévérité de Covid-19 y compris chez des personnes d’âge moyen. Puis dans le cadre d’une étude nationale (CORONADO), ils ont aussi montré le risque accru pour des diabétiques mal équilibrés.

À l’Institut Pasteur de Lille, une équipe liée à PreciDIAB s’est aussi illustrée dans l’identification de médicaments connus dont l’efficacité antivirale pourrait amener dans les prochains mois à bénéficier enfin d’un traitement curatif de l’infection.

En parallèle de ces travaux liés à la crise du Covid-19, nos équipes de chercheurs et doctorants ont continué à travailler et à publier leurs recherches dans des journaux de renom. Je vous invite à lire ces articles sur les causes génétiques de l’obésité sévère chez les enfants, ainsi que le lien entre diabète de type 2 et fonctions cognitives.

En résumé, le Centre National PreciDIAB a bien porté son nom en impulsant au niveau national des approches diagnostiques, des investigations cliniques et des études de repositionnement thérapeutique utiles pour s’opposer à cette épidémie nouvelle. Le déconfinement du pays semblant réussi, les équipes de PreciDIAB reprennent actuellement toutes leurs activités sur le diabète et maladies associées, mais si par malheur l’épidémie reprenait plus tard dans l’année ou en 2021 nous seront prêts à reprendre du service démontrant ainsi l’utilité de la recherche publique y compris dans le cadre d’une épidémie virale.

Professeur Philippe Froguel Directeur du Centre National PreciDIAB