Philippe FROGUEL,
Professeur d’Endocrinologie-Diabétologie au CHU de Lille,
Responsable Scientifique et Technique du Centre National PreciDIAB
Cela fait maintenant presque deux années que le Centre National PreciDIAB existe. Nous sommes passés de la phase de lancement, lors de sa première année qui a coïncidé avec la covid, à une phase réellement opérationnelle avec le déploiement concret de nombreux projets qui annoncent un rayonnement encore plus important de notre Centre pour les années à venir.
Nous sommes sur la voie du succès et je souhaite commencer cet édito par un bref retour sur les principales avancées majeures de cette année. Les exemples sont nombreux mais comment ne pas mentionner les travaux du Prof. Inga Prokopenko, publiés notamment dans Nature, portant sur les analyses par randomisation Mendélienne des liens entre variants génétiques et facteurs de risque, méthode révolutionnaire pour établir des rapports de causalité qui font souvent défaut dans les études épidémiologiques avec de nombreux facteurs confondants. Ces travaux sont cruciaux pour le développement d’une véritable médecine de précision des diabètes, aussi je vous invite à découvrir son portrait.
La médecine de précision se concrétise également à travers l’ouverture du laboratoire de génétique médicale LIGAN-PM par l’ARS des Hauts-de-France. Cela va permettre d’accroitre nos collaborations mais également de rendre des diagnostiques pour des cas atypiques de diabètes et d’obésités. Ces cas, souvent liés à des mutations génétiques, sont étudiés spécifiquement dans le cadre des Réunions de Concertation Pluridisciplinaire (RCP) misent en place par nos cliniciens pour proposer à ces patients une prise en charge personnalisée.
Autre atout majeur, notre attractivité, qui s’illustre à nouveau avec l’arrivée Dr Marc-Emmanuel Dumas. Il installe un plateau technique de métabolomique assez unique en France qui permettra la caractérisation complète (multi-omiques) des cohortes de patients de PreciDIAB. Cet outil essentiel à nos recherches est un facteur d’attrait indéniable pour établir de nouvelles collaborations.
On peut également se féliciter de la dynamique très positive de nos projets de recherche clinique avec l’obtention des autorisations réglementaires pour lancer l’ensemble de nos études cliniques, et ce malgré la crise sanitaire qui a focalisé l’évaluation des protocoles sur les études liées à la pandémie. Ainsi, sur le volet prise en charge des patients diabétiques complexes, la cohorte Heart&Brain dédiée aux complications cardiologiques et neurologiques a débuté ses premières inclusions au CHU de Lille et l’étude PreciLITH sur la lithiase rénale et les complications néphrologiques sera lancée avant la fin de l’année au CHU d’Amiens. Nos actions de prévention ne sont pas en reste avec le lancement avant la fin de l’année de l’étude ELIPSE pour la prévention de la santé de nos enfants ainsi que du projet PrevenDIAB qui étudiera le lien entre santé et précarité au Centre d’Examens de Santé de l’Institut Pasteur de Lille.
Je suis extrêmement satisfait et fier du travail réalisé par les équipes de PreciDIAB pendant ces 2 années difficiles et je suis persuadé que nous atteindrons nos objectifs ambitieux au service des patients. De plus, au-delà de la science d’excellence et de la médecine de pointe, notre objectif est de renforcer nos liens avec les médecins, les chercheurs et les industriels des Hauts de France, et d’assurer le rayonnement national et européen de notre Centre afin de contribuer au développement métropolitain et régional de l’écosystème de la R&D en Santé.
Ainsi, les nombreux projets très innovants de PreciDIAB doivent être un moteur pour notre Région. Nos efforts porteront plus spécifiquement l’année prochaine à la mise en œuvre opérationnelle du Centre d’Essais Thérapeutiques dédié au sein du CIC du CHU de Lille, atout majeur pour la valorisation de nos cohortes et outil d’attractivité pour les industriels du médicament.
Autre thématique centrale à l’innovation dans PreciDIAB, l’utilisation des données massives de santé. Pour comprendre ce sujet au cœur des débats sociétaux actuels, nous avons demandé au Prof. Jean-Baptiste Beuscart de rédiger la Une de cette newsletter. Fruits de collaborations avec les équipes d’INCLUDE et de l’Entrepôt de Données de Santé du CHU de Lille, ses travaux permettent le développement de nouvelles méthodes basées sur l’intelligence artificielle pour notamment améliorer les inclusions de patients dans les essais cliniques, aider la prise de décision des professionnels de santé pour éviter les effets indésirables parfois graves des médicaments, et donc de bâtir avec les autres scientifiques de PreciDIAB la médecine 4P – prédictive et préventive, personnalisée et participative – du 21ème siècle.
Pour conclure, je pense qu’il faut considérer le Centre National PreciDIAB comme une expérimentation unique en France, qui a été rendue possible grâce à un engagement unique des collectivités territoriales. Nos efforts pour développer l’attractivité des métropole lilloises et amiénoises et de la Région des Hauts de France toute entière, seront nécessairement payants dans un futur proche. Les retombées économiques en terme d’emploi de haut niveau seront d’autant plus importantes que nous arriverons à booster les partenariats Publics Privés qui apporteront des solutions concrètes pour mieux prendre en charge les personnes diabétiques. Je vous invite d’ailleurs à suivre notre live Facebook le 9 novembre, à l’occasion de la journée mondiale du diabète, sur les nouveautés dans la prise en charge et le traitement des diabètes.
Pr Philippe Froguel, Responsable Scientifique et Technique du Centre National PreciDIAB