Coralie Berthier

Coralie Berthier

Responsable du Centre de Recherche en Prévention à l’Institut Pasteur de Lille

Coralie Berthier partage avec nous son parcours, son expertise en tant que responsable du Centre de Recherche en Prévention au sein de l’Institut Pasteur de Lille et sa vision sur l’avenir de la prévention.

Pouvez-vous nous parler de votre parcours professionnel et des étapes clés qui vous ont conduite à votre métier actuel ?

A la suite de ma thèse, réalisée à l’INRA de Dijon, j’ai intégré l’Institut Pasteur de Lille en contrat post-doctoral sur un projet qui alliait la recherche pré-clinique et la recherche clinique dans le domaine de la nutrition et de la physiopathologie. J’ai alors développé des compétences sur le fonctionnement des études cliniques, tant sur le plan méthodologique que sur la partie opérationnelle. Quelques années plus tard, j’ai eu l’opportunité de créer au sein de l’Institut Pasteur de Lille un centre de recherche clinique. D’abord tourné vers la nutrition, ce centre de recherche clinique s’est progressivement orienté sur les thèmes de la santé globale devenant ainsi le Centre de Recherche en Prévention, que je dirige actuellement.

Selon vous, quels sont les principaux défis en matière de prévention du diabète aujourd’hui, et quelles actions pourraient être mises en place pour mieux sensibiliser la population générale, et particulièrement les personnes socialement défavorisées ?

Le premier défi dans la prévention du diabète est le dépistage. Très peu de personnes ont un suivi régulier de leur biologie sanguine, et cela est encore plus vrai chez les personnes vulnérables. Le second défi est la compréhension de la maladie et de son évolution. En effet, lorsqu’une personne a une glycémie un peu élevée au départ, elle est dite « pré-diabétique ». Mais comme elle n’a pas de symptôme, elle ne considère pas cela comme les prémices d’une maladie en devenir. Or ce stade « pré-diabétique » peut être réversible si les habitudes de vie s’améliorent. Il faut dire aussi que ce statut « pré-diabétique » n’est pas vraiment reconnu et c’est pourtant à ce moment précis où la prévention peut jouer son rôle. Idéalement, il conviendrait donc, non seulement de mieux diagnostiquer les personnes pré-diabétiques, mais aussi de leur proposer des programmes de prévention efficaces, afin de les sensibiliser à l’évolution possible vers le diabète et, surtout, de leur donner les moyens de prévenir ou de retarder l’apparition de la maladie.

L’étude PrevenDIAB, menée par PreciDIAB et portée par le Centre Prévention Santé Longévité de l’Institut Pasteur de Lille, en collaboration avec les équipes académiques de PreciDIAB joue un rôle important dans la prévention du diabète, en particulier chez les personnes en situation de précarité. Pouvez-vous nous en dire plus sur ses objectifs et votre contribution à ce projet ?

L’objectif de l’étude PrévenDIAB, menée par le Centre National PreciDIAB et l’Institut Pasteur de Lille, est d’évaluer les facteurs de risque d’entrée en diabète de type 2 des personnes en situation de précarité à partir de la population du Centre d’Examens de Santé de l’IPL. Cette étude permettra également d’obtenir des chiffres actualisés sur la prévalence du diabète et du pré-diabète dans les Hauts-de-France, avec une particularité spécifique du projet qui est la catégorisation de cette prévalence selon le statut socio-économique. L’étude PrévenDIAB se déroule en 2 phases : PrévenDIAB 1 avec la création d’une cohorte d’environ 2000 personnes et l’analyses de données tranversales, et PrévenDIAB 2 qui vise à suivre cette cohorte à 3 ans. A ce jour, nous finalisons les analyses de la phase 1 et venons de démarrer la phase 2.

Cette étude est prise en charge actuellement à l’Institut Pasteur de Lille par une équipe de 5 personnes que je coordonne. Au-delà de mon rôle de coordination et de suivi des équipes, je suis également le point de contact avec les équipes de PréciDIAB pour le suivi de l’avancement du projet.

Comment envisagez-vous l’avenir de la Recherche et de la Prévention du diabète, et le rôle des centres de santé comme celui de l’Institut Pasteur de Lille ? Quels progrès espérez-vous voir dans les prochaines années ?

Selon moi, la recherche et la prévention vont de pair, l’un ne va pas sans l’autre, d’autant plus lorsque l’on parle de maladies présentant des facteurs de risque liés aux modes de vie comme c’est le cas pour le diabète ou l’obésité. En effet, les facteurs de risque liés aux habitudes de vie sont des éléments modifiables, où le patient peut être pleinement acteur de sa santé. La prévention est une vraie force en matière de santé publique. Mais dans les cas de maladie avérée ou ayant une origine différente (génétique), la recherche est indispensable pour mettre en place des stratégies thérapeutiques fiables. Je suis donc persuadée que la recherche et la prévention sont indissociables l’une de l’autre et doivent se coordonner afin de rendre le meilleur service possible à la population.

Cette coordination pourrait débuter par les centres de santé comme celui de l’Institut Pasteur de Lille. En effet, les centres de santé ont un rôle important à jouer dans le diagnostic et l’orientation des patients vers des parcours de soins adaptés. Malheureusement, ces « voies d’orientation » entre les centres de santé (ou même la médecine de ville) et les parcours de soins ne sont pas encore tracées. C’est ce que nous allons essayer de faire avec PrévenDIAB 2 en mettant en place un canal prioritaire avec le CHU de Lille pour les sujets diabétiques de l’étude nécessitant un suivi rapproché.

Découvrez les interviews...

Précédent
Suivant

Le diabète dans tous ses états

Un blog consacré aux mille et une facettes du diabète.
Edité par Marc Gozlan, journaliste médico-scientifique