Dr Georges BAQUET

Dr Georges BAQUET

Maître de conférences et chercheur à l’Université de Lille au sein de l’Unité de Recherche Pluridisciplinaire Sport, Santé, Société – URePSSS

En cette rentrée de septembre, le Dr Georges Baquet, nous parle de son parcours en tant que chercheur en Sciences du Sport et plus particulièrement sur l’évaluation et la promotion de l’activité physique chez l’enfant.

Pouvez-vous nous raconter votre parcours et ce qui vous a amené à faire de la recherche dans le domaine des sciences du sport ?

J’ai débuté ma carrière professionnelle en tant que professeur EPS au Collège Albert Schweitzer de la Bassée. J’ai collaboré ensuite avec l’Equipe du Professeur Michel Gerbeaux (Laboratoire de la Motricité Humaine, FSSEP, Université de Lille 2) sur la thématique de la course de longue durée en milieu scolaire. J’ai repris mes études pour obtenir un DEA (« mesure des aptitudes aérobies à l’école primaire »), puis passer ma thèse intitulée « Entraînement aérobie, activité physique et condition physique chez l’enfant ». Je suis devenu Maitre de Conférences à l’Université de Lille 2 et membre du laboratoire, qui se nomme maintenant URePSSS (Unité de Recherche Pluridisciplinaire Sport, Santé, Société).

La recherche sur le sport et l’activité physique n’est pas la première image qui vient à l’esprit lorsque l’on parle de science. En quoi consistent vos travaux et comment se déroulent vos recherches ?

L’URePSSS mène des travaux dans le domaine du sport, de l’activité ou de l’inactivité physique et de la physiologie neuromusculaire avec des éclairages dans différents domaines disciplinaires relevant à la fois des sciences de l’homme et de la société ainsi que des sciences de la vie et de la santé.

Mes activités de recherche ont initialement porté sur les réponses et les limitations cardiorespiratoires à l’exercice et à l’entraînement de l’enfant. Il s’agissait de mieux comprendre la spécificité des adaptations cardiorespiratoires et métaboliques des enfants à l’exercice et de proposer des séances d’éducation physique et sportive, sollicitant la fonction cardiorespiratoire des adolescents à un niveau suffisant, pour répondre aux recommandations internationales en termes de santé. Cette thématique de recherche a évolué en intégrant l’analyse de l’activité physique spontanée de l’enfant et ses relations avec la performance et la santé. Mes travaux se sont alors orientés vers 2 axes : les performances et la récupération lors d’exercices intermittents brefs à haute intensité, et la mesure et la promotion de l’activité physique.

L’école est un lieu privilégié pour promouvoir l’activité physique car elle est un passage obligé dans la vie des jeunes. Nos études ont montré que les marquages de terrain de jeu sont une intervention simple, relativement peu coûteuse qui permet d’augmenter les niveaux d’activité physique à court terme des enfants et diminuer la sédentarité pendant la récréation, et que ces niveaux d’activité physique des garçons et des filles issus de milieux socio-économiques favorisés et défavorisés montraient des différences significatives en milieu scolaire. Ces résultats indiquaient que les interventions pendant la récréation scolaire devraient cibler les enfants dans les écoles se situant en milieu socioéconomique défavorisé, et notamment chez les filles, afin d’augmenter leur niveau d’activité physique.

Actuellement, mes recherches portent sur l’évaluation de l’activité physique et de la dépense énergétique, à la fois en termes de dimension théorique et méthodologique (validité et sensibilité des capteurs, définition des seuils d’activité physique, modélisation des patrons d’activité physique) et d’outil de mesure objectif au service de la recherche, dans le suivi de cohortes de populations saines et pathologiques (Maladie de Parkinson, polyarthrite rhumatoïde).

Il s’agit d’objectiver l’effet de l’activité physique sur la condition physique, l’autonomie, l’état de santé et la qualité de vie de la personne.

L’un des grands volets de PreciDIAB est de déployer des programmes de prévention, comme par exemple l’étude ELIPSE sur laquelle vous collaborez pour promouvoir le bien grandir chez les enfants. Pouvez-vous nous expliquer votre implication dans cette étude et ce que cela va apporter à la science ainsi qu’aux familles ?

Les bienfaits de l’activité physique sur la santé et la condition physique sont connus et désormais validés. Des études scientifiques de plus en plus nombreuses tendent à démontrer l’efficacité de programmes de prévention pour la santé basée sur des approches multidisciplinaires afin de diminuer la corpulence des enfants, tout particulièrement pour la prévention secondaire. La surcharge pondérale est généralement associée à trois grands facteurs : l’augmentation de l’apport calorique, la diminution du niveau d’activité physique de
la population et le manque de sommeil.

L’étude ELIPSE s’inscrit pleinement dans cette politique de prévention de l’obésité. Elle a pour but de détecter précocement et dès le plus jeunes âge les personnes à risque, de les orienter vers des parcours éducatifs personnalisés, et de déployer des expérimentations innovantes en direction de publics ciblés. L’Unité de Recherche Pluridisciplinaire Sport, Santé, Société (URePSSS – ULR 7369) mène des travaux dans le domaine du sport, de l’activité ou de l’inactivité physique. Dans la continuité de ces travaux, l’équipe étudie les stratégies visant à augmenter l’adhésion et l’engagement des personnes à la pratique d’une activité physique, notamment chez l’enfant et l’adolescent. La cartographie de l’activité physique spontanée de l’enfant et de certains de ses facteurs prédictifs, et des conséquences sur la dépense énergétique est une des thématiques des travaux réalisés sur les relations entre activité physique et santé chez l’enfant et l’adolescent. C’est en ce sens que nous collaborons avec le projet ELIPSE où nous sommes impliqués dans les mesures de condition physique et d’activité physique.

Prév’Santé MEL activité physique (temps passés dans les différents niveaux d’intensité (légère, modérée, intense et très intense), temps passé en sédentarité ; pour le sommeil : latence d’endormissement, durée de sommeil, efficacité du sommeil, nombre de micro réveils). Les mesures seront répétées à 1 et 2 ans, après le début du programme.

Pour chaque enfant participant à l’étude, un rapport sera transmis sur demande aux tuteurs légaux, et à l’association Prev’Santé MEL. Les parents vont prendre conscience du profil d’activité physique de leur enfant et le comparer avec leur déclaratif (questionnaires d’activité physique et remplis au préalable avant le début de l’étude). Ce profil tient compte de la somme d’activité physique des enfants et du temps de sédentarité. Être physiquement actif, c’est respecter les directives établies en matière d’activité physique (qui se traduisent généralement par un nombre minimal de minutes d’activité physique de modérée à intense par jour). Chez les enfants, 60 minutes par jour dans une activité physique au moins modérée (marche) est recommandée. L’inactivité physique, quant à elle, peut se définir par l’absence d’activité physique, généralement reflétée comme étant la quantité ou la proportion de temps non consacré à une activité d’intensité prédéterminée ou la non-atteinte des recommandations. La sédentarité se caractérise par des comportements en position assise dont la dépense énergétique est proche du métabolisme de repos. Une des recommandations en termes de sédentarité est de passer moins de 60% de son temps d’éveil en position assise.

Les mesures quantitatives du sommeil seront également comparées à celle du déclaratif (heure du coucher et heure du lever) et renseigneront sur l’efficience du sommeil.

Le but d’un tel programme en termes de prévention à long terme est de modifier durablement les comportements. Dans la littérature scientifique, certaines études montrent que les enfants les plus actifs le seraient à l’âge adulte, mais d’autres montrent également que ce sont les habitudes de sédentarité qui perdurent le plus facilement.

Aujourd’hui, la prévention par le sport et la promotion de l’activité physique apparait comme une priorité dans les différentes politiques des villes, des régions et même de l’Etat. Est-ce que cela permettra de déployer plus de projets et ainsi d’envisager des retombées pour la population ?

Lutter contre l’accroissement de la sédentarité, l’inactivité physique et l’ensemble des pathologies chroniques qui y sont associées est un enjeu de santé publique. Inscrite dans le plan national de santé publique « Priorité Prévention », la Stratégie Nationale Sport Santé (2019-2024) est une politique publique qui s’inscrit dans l’héritage des Jeux Olympiques et Paralympiques 2024. Elle porte l’ambition de mettre les Français en mouvement sur tous les territoires, de déployer des pratiques adaptées accessibles et encadrées, et de faire reconnaitre pleinement le rôle majeur des APS pour la santé physique et mentale de chacun et s’articule autour de plusieurs axes dont la promotion de la santé et du bien-être par l’activité physique et sportive. L’objectif est d’encourager la pratique d’une activité physique et sportive à tous les âges de la vie, de manière régulière, durable et adaptée, et lutter contre les comportements sédentaires dans la vie.

La prévention est au cœur du système de soins français. La création d’un Ministère de la santé et de la prévention en est un exemple. La création des maisons sport-santé en est une réalité. Prev’Santé Mel, partenaire dans l’étude ELIPSE en est l’illustration, avec pour mission principale d’améliorer l’état de santé de la population lilloise. Les collectivités publiques doivent être les partenaires privilégiés de cette politique de santé. L’étude ELIPSE est d’ailleurs soutenue par les villes de Lille et de Lomme, et, plus largement, la Métropole Européenne de Lille qui apporte son soutien aux projets de prévention, notamment ceux portés par le Centre National PreciDIAB.

Un autre axe est le renforcement et la diffusion des connaissances. La dissémination auprès du grand public est un axe fort de la recherche aujourd’hui. La 32e édition de la Fête de la science se déroulera du 06 au 16 octobre 2023. Pour cette nouvelle édition, c’est le sport et la pratique sportive qui seront mis à l’honneur dans le cadre des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024. Au travers d’ateliers scientifiques, ludiques et pédagogiques proposés par les chercheurs de l’Université de Lille, installés au Gymnase de Lille et à EURASPORT, plateforme universitaire dédié aux recherches sur les interactions entre activité physique santé, vous pourrez rencontrer celles et ceux qui font la recherche.

 

 

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Edité par Marc Gozlan, journaliste médico-scientifique