Dr Amna KHAMIS

Dr Amna KHAMIS

Chaire de Professeur Junior

En ce début d’année, le Dr Amna Khamis nous parle de son parcours en tant que chercheuse et plus particulièrement de ses projets de recherche.

Pouvez-vous nous parler de votre parcours académique et professionnel qui vous a conduit à vous spécialiser dans la recherche sur le diabète ?

Ma passion pour le diabète a débuté dès mon plus jeune âge, probablement vers l’âge de 10 ans, j’ai compris alors que c’était ma vocation. Cependant, je ne savais pas comment m’y prendre. Je me souviens encore du jour où tout a pris un sens, lorsque nous étudions le « Human Genome Project ». C’est à ce moment-là que j’ai décidé d’aller au Royaume-Uni pour étudier la génétique. Pendant mes études à « Cardiff University », j’ai pris une année sabbatique pour travailler avec Andrew Hattersley, un pionnier de la recherche sur le diabète, à Exeter, au Royaume-Uni.
Par la suite, j’ai poursuivi mes études en master à « University College London » et j’ai eu l’opportunité de rencontrer Steve Humphries, chercheur émérite dans le domaine du diabète et des maladies cardiovasculaires. C’est lui qui m’a suggéré de poursuivre en doctorat. À cette époque, je voulais explorer un autre aspect du diabète, et c’est ainsi que j’ai effectué mon doctorat à Manchester en recherche sur les cellules souches pour le diabète. Par la suite, il était naturel pour moi de travailler avec le Professeur Philippe Froguel à l’Imperial College de Londres, une figure éminente de la recherche sur le diabète. Lorsqu’il m’a demandé de rejoindre son laboratoire à Lille, j’ai su que cela serait extrêmement enrichissant pour moi, j’ai donc intégré son équipe.

Pourriez-vous décrire brièvement les principaux axes de vos projets de recherche actuels liés au diabète et comment envisagez-vous l'impact de vos travaux sur la compréhension de la maladie ou sur le développement de nouveaux traitements ?

1) Identifier de nouveaux gènes impliqués dans la physiopathologie du diabète de type 2
2) et comprendre la contribution épigénétique dans la progression de la maladie, du pré-diabète au diabète de type 2 jusqu’aux complications. Ces deux aspects sont véritablement complémentaires pour comprendre la maladie, tant du point de vue génétique qu’environnemental, ce dernier étant particulièrement impactant dans le cas du diabète de type 2.

Grâce à nos travaux de recherche, l’année dernière, j’ai obtenu une bourse PRC ANR de physiopathologie. L’objectif était d’identifier de nouveaux gènes liés au diabète grâce à une approche statistique appelée « expression quantitative trait loci », puis de développer des méthodes et des pipelines pour cibler systématiquement des candidats. Nous avons également déterminé l’impact physiologique de ces gènes dans la fonction des îlots pancréatiques. Depuis, nous avons identifié un catalogue de gènes qui n’étaient pas identifiés auparavant, et je suis enthousiaste à propos de certains d’entre eux et de leur rôle dans la physiologie d’ilots pancréatiques.

En outre, nos travaux sur l’épigénétique dans les tissus cibles du diabète, comme le foie, les muscles, le pancréas exocrine et les îlots pancréatiques, ont fourni une base pour comprendre la progression de la maladie, y compris les maladies du foie, la sarcopénie et le vieillissement. Par exemple, récemment, nous avons découvert un gène qui nous aide à comprendre pourquoi les personnes atteintes de diabète de type 2 ont un risque accru de développer un cancer du pancréas, le cancer le plus mortel dans le monde. Cela met en évidence l’importance et l’impact translationnel de nos recherches.

Vous venez d’obtenir une Chaire de Professeur Junior. Pouvez-vous nous expliquer ce dispositif et comment vous voyez votre avenir à l’université de Lille et au sein d’EGID ?

Il s’agit d’un nouveau poste en France, offrant une excellente opportunité pour commencer à s’établir et devenir un chercheur indépendant.
EGID (European Genomic Institute for Diabetes) est un véritable tremplin pour tracer ma propre voie, notamment dans l’approche de la biologie des systèmes appliquée au domaine du diabète. Cette opportunité unique a été rendue possible grâce à la grande expertise d’EGID, qui englobe la bio-informatique, les plateformes de séquençage et la biologie fonctionnelle entre autres. En tant que jeune post-doctorante à l’époque, j’ai eu la liberté de tout découvrir au sein de cette structure. En particulier, la biostatistique, un domaine qui a suscité un vif intérêt chez moi, et le Professeur Philippe Froguel m’a encouragé à apprendre par moi-même. De plus, Lille est un pôle scientifique majeur, abritant de nombreuses cohortes de recherche, telles que la cohorte ABOS établie par le Professeur François Pattou, également actif au sein d’EGID.

 

Par ailleurs, vous occupez une place centrale au sein du SGGD (Study Group on Genetics of Diabetes). Pourriez-vous nous parler de cette association et décrire votre rôle ?

Je suis la Vice-Présidente du comité scientifique du SGGD, dont l’objectif principal est de promouvoir la recherche en génétique du diabète et d’encourager l’interaction entre les chercheurs fondamentaux et les cliniciens. Ainsi, le comité se concentre principalement sur l’organisation des réunions scientifiques, rassemblant un nombre restreint de chercheurs renommés mondialement dans le domaine de la génétique du diabète et de jeunes scientifiques passionnés, créant ainsi un pôle dynamique où des idées novatrices peuvent être échangées. C’est réellement une conférence inspirante et stimulante.

À travers mon rôle au sein du SGGD, mon intention est de chercher à offrir une plateforme accessible et représentative à tous. Originaire d’un environnement multiculturel, avec des liens en Afrique, au Moyen-Orient, au Royaume-Uni et en Europe, je suis consciente de l’importance cruciale de la diversité culturelle et de la représentation dans le domaine scientifique international.

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Le diabète dans tous ses états

Un blog consacré aux mille et une facettes du diabète.
Edité par Marc Gozlan, journaliste médico-scientifique